Chères, chers membres,

Considère cette candidature comme un engagement pour nous tous de se tenir debout pour notre profession, l’industrie de la musique. Nous, musiciennes et musiciens qui sommes les véritables producteurs du produit (la musique) n’avons jamais accordé une valeur monétaire là-dessus. Comme si c’était un sacrilège de le faire. C’est notre devoir de le faire, car d’autres personnes en profitent, alors pourquoi pas nous, qui sommes ceux qui la produisons en premier.

Déjà en 1979, un professeur de philosophie au cégep racontait que dans l’industrie de la musique les musiciennes et les musiciens ne recevaient que 2% des revenus. Ce qui est encore le cas aujourd’hui. Ces revenus n'incluent même pas la vente de marchandise pendant les spectacles (t-shirts, casquettes etc.). Sur ces profits, nous ne faisons pas une cent. Récemment, nous avons vu une équivalence avec l’éclipse solaire : le rayonnement a été réduit de 98%, pendant quelques minutes. Notre rémunération a été réduite par ce même montant pendant plusieurs décennies. Nous devons admettre que c’est nous-mêmes qui avons laissé cette situation se propager, le fait que nous ayons acceptés des miettes année après année. Mais nous pouvons aussi facilement nous sortir d’en dessous de cette ombre.

Voici une annonce heureuse. L’état de notre union est fort. Fort, si nous voulons qu’il le soit. En utilisant nos sondages en ligne, nous aurons besoin de définir le pourcentage de revenu qui devrait être attribué à la musique. Ainsi que le ratio entre l'artiste vedette et les musiciennes et musiciens qui l’accompagne. De même que le ratio de revenu lorsqu’il y a des ajouts (théâtre musical, opéra, multimédia etc.) Nous avons besoin de répondre à ces questions (et à d’autres) en établissant un consensus parmi nous.

Les musiciennes et musiciens ne sont pas différents des joueurs dans les ligues de sports professionnels. Par contre, les joueurs de hockey de la LNH reçoivent 50% de tous les revenus. 50 cents sur le dollar. Nous, les joueurs de notre « ligue », faisons 2 cents sur le dollar quand nous jouons sur cette même surface du Centre Bell en accompagnant des artistes vedettes. Impensable. Mais c’est arrivé avec notre permission.

Les maisons de production, les agents et les contracteurs essaient de justifier leurs grands profits en disant que ce sont eux qui ont pris les risques financiers et qu’ils méritent les bénéfices. Allo ? Excusez-nous ? C’est comme si nous n’avions pas investi 10,000-20,000 heures de pratique et d’apprentissage dans la poursuite de l’excellence pour le marché du travail. Comme si nous n’avions pas dépensé notre argent alors que plusieurs maisons de production reçoivent souvent des subventions, bourses et commandites même avant qu’un seul billet ou CD soit vendu. Oui, nous allons avoir ces discussions et sur le même pied d’égalité.

Avec l’arrivée de l’IA, du streaming et des négociations pour les droits d’auteur et la distribution des royautés, ces sources de revenus auront besoin d’être protégées. Après avoir établi un consensus entre nous par rapport à la valeur de notre produit, il faudra définir et même redéfinir notre portion légitime à l'intérieur de l'industrie de la musique.

La plupart d’entre nous sommes coupables d’avoir pris des engagements sans soumission d’un contrat guilde, pour des raisons budgétaires, de paresse, d’oubli ou de gêne. Pendant les années 70 et 80, pour les engagements réguliers dans les hôtels, les corpos, concerts et sessions studios, c’était la norme d’avoir un contrat guilde signé, incluant les contributions à la caisse de retraite, ce que plusieurs heureusement reçoivent aujourd’hui. Nous avons besoin de retourner à l’éthique d’honorer les contrats guilde pour tous nos engagements. Contribuer à la caisse de retraite assure un avenir plus sûr pour nos nouveaux membres. C’est même impensable aujourd’hui pour les employés d’hôtels, qu’ils soient en administration, en cuisine ou en entretien ménager etc., de ne pas avoir une contribution à la caisse de la retraite liée à leur emploi. Notre caisse de retraite est aussi un actif qui nous unit tous.

Cette élection est un important exercice et une opportunité pour partager des idées, d'entamer des discussions et des débats, qui vont nous diriger sur une meilleure voie. Plus important que de voter pour qui que ce soit, c’est surtout d’aller voter. Et en plus, d’encourager tous les membres de voter aussi. C’est un appel à tous comme dans « Horton entend un Qui ! » (Horton Hears a Who!), parce que chaque voix a besoin d’être entendue pour que des améliorations se réalisent. Et de rester accrochés après l’élection pour une participation en correspondance pour les avancements que nous allons entreprendre ensemble.

Depuis la fin des années 1800, le Québec a toujours été un des meneurs de l’Amérique du Nord en éducation de la musique avec ses universités (Laval, McGill) et plus tard, le Conservatoire et d’autres universités, écoles de musique, cégeps et autres. De plus, au cours des années 1930-1960, le Québec a été l’endroit en Amérique du Nord pour les spectacles de tous genres; et s’il y avait une ville capitale du show business, c’était Montréal. Les musiciennes et les musiciens venaient de partout et pouvaient travailler 24/7 s’ils le voulaient. Cette immersion musicale avec l’environnement en éducation à la musique a contribué à notre réputation d’être les musiciennes et musiciens les plus polyvalents et compétents dans le monde entier dans l’interprétation de tous les styles de musique que nous pourrons se faire demander à jouer. Merci beaucoup pour votre lecture. Maintenant, mettons-nous au travail !

La musique, c’est la science et la sagesse qui nous complètent tous.

Vers un brillant avenir,

Muhammad (Mo)

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